Merci Simone

Je me suis forcé à finir La Vieillesse, le dernier ouvrage de Simone de Beauvoir. Non seulement pour travailler mon vocabulaire mais aussi ma résilience au bon vieux déclinisme à la française. Comme un traitement pour mon pessimisme têtu, l’ouvrage semblait parfait candidat pour combattre le mal par le mal. La lourdeur de la critique des philosophe français cree une résonance familière, cathartique - j’irai jusqu’à dire, thérapeutique.

Je ne suis ni avide lecteur, ni particulièrement familier avec les idées Beauvoir (une honte, je suis au courant et j’y travaille). C’est les sujet qui m’a semblé intéressant. Après avoir lu une mention dans un article de Maria Popova, je me suis lancé. Popova offre une vue relativement romantique et note les passages les plus poétique, faisant des connections avec Annie Dillard qui suggérait qu’une journée reflète une vie toute entière. Dans la même veine Beauvoir suggère que la vieillesse est la somme de toute une vie. Cette accumulation n’aboutissant pas nécessairement à un état désirable. Comme Popova, j’ai apprécié la critique des stéréotypes réductionnistes de vieux fous et vieux sages.

Les observations poétiques de Beauvoir sont relativement intemporelles. Celles vis-à-vis de la société me semble avoir mal vieilli. Beauvoir commente méticuleusement dans les codes typique du structuralistes anglo-saxon, pour décrire la société industrielle construit sur des valeur catholiques et les consequence pour les personnes âgées (Rien que cette phrase me fait soupirer). Le vieillissement de la population dans pays industrialisés a promus ces dernières années un enthousiasme collectif pour la longévité et un mode de vie plus respectueux de notre planète et tout ces habitants, en particulier les plus vulnérables. Je ne questionne pas le fait qu’on est bien loin de avoir trouvé consensus sur les problèmes majeurs. Cependant il me semble qu’elle pointe du doigt la nature humaine plus que la société, qui, désespérément cherche des solution faciles et a relativement court termes (la question des retraites ne sera jamais plaisante). Cette approche est probablement une des raisons pour laquelle elle a une une image de grincheuse, trop existentielle et difficile a suivre même quand on est d’accord avec le fond. En tout cas, c’est mon ressentit (très similaire a Ivan Illich).

C’est ce même ressentit qui m’a fais lâcher le bouquin après 1h de lecture. J’y suis revenu deux semaines plus tard après quelques discussion typiquement sur le catholicisme a l’américaine. La sottise des preoccupations théologiques de plouc de banlieue me donna envie d’une bonne grosse claque à la Simone. Pas d’amélioration au niveau de la couleur des nuages après la premiere partie. Le fastidieux portrait du processus d’involution biologique et le digne labeur de definition personnel fini par m’extirper de mon ilot de techno-optimiste californien. La vie, comme ce livre, est rude, du début jusqu’à la fin. Et c’est exactement ce qui les rends merveilleux. Ca me rappelle l’obscurité écrasante de Cioran, magnifique.

La contemplation systématique de la pénombre qu’est notre monde est un exercise mal vu en par chez moi. Mon enfance en France a profondément ancrée ce genre de penchant existentialistes me rendant quelques peu inadéquate dans la société américaine qui, dieu la bénisse, qui tourne a l’optimisme avec les yeux bandés. C’est pas ma came. Mon espoir ressemble plus a celui de Simone qui voit dans les rides une manifestation de notre humanité à ne pas ignorer ou dénier. J’avais du mal a piger ce que Sartre voulait dire par “l’Existentialisme est un humanisme”. Maintenant que j’ai des cheveux blanc et 2 gosses, je vois parfaitement. La grisaille me manque. Merci Simone.

← Index / Published on 2024-11-28